Connaitre son ennemi pour le vaincre...

C’est en recensant ce qui pouvait caractériser le cancer que Douglas Hannahan et Robert Weinberg ont définit en 2001 six signes caractéristiques du cancer, puis en 2011 les ont augmentés à dix en prenant en compte les aspects métaboliques qu’ils avaient laissé de côté. Il y a bien sûr des controverses mais dans l’ensemble cette définition est acceptée mondialement. Comprendre le cancer : caractéristiques distinctives du cancer (ccra-acrc.ca)

Les dix signes caractéristiques des cellules cancéreuses

1- Prolifération entretenue : Les cellules cancéreuses se multiplient hors tout contrôle en créant des protéines qui encouragent leur croissance explosive.

2- Insensibilisation aux signaux anti-croissances : Les cellules cancéreuses désarment le processus par
lequel le corps met un frein aux divisions non voulues.

3- Evasion du processus conduisant à la mort (apoptose) : Les cellules normales se détruisent elles-mêmes
lorsqu’elles détectent une erreur qui ne peut pas être réparée (mutation). Mais les cellules cancéreuses désactivent ce processus pour se multiplier.

4- Multiplication illimitée : Les cellules normales meurent après un certain nombre de divisions, contrairement aux cellules cancéreuses qui ont un potentiel illimité de réplications. Elles sont immortelles.

5- Accession au système sanguin (angiogénèse) : Les cellules cancéreuses sont capables d’organiser la création de nouveaux vaisseaux sanguins pour obtenir de l’oxygène et les nutriments dont elles ont besoin pour se multiplier.

6- Evasion de la tumeur principale (métastase) : Les cellules cancéreuses, après accès aux vaisseaux sanguins, ont la possibilité de se détacher puis de se réinstaller là où l’espace, l’oxygène et les sources de nourritures sont favorables. Le même phénomène se passe via le système lymphatique (ganglions).

7- Reprogrammation de leur métabolisme énergétique (effet Warburg) : Les cellules cancéreuses peuvent
modifier leur méthode de production d’énergie et accroitre leur métabolisme pour entretenir leur croissance. Par exemple en passant d’une glycolyse aérobique à un fonctionnement anaérobique (fermentation).

8- Evitement de la destruction immunitaire :Les cellules cancéreuses détruisent le fonctionnement des cellules immunitaires clés, y compris les cellules tueuses naturelles, tout en se cachant du système de surveillance immunitaire.

9- Promotion de l’inflammation tumorale : Les tumeurs activent une réponse inflammatoire qui peut accroitre leur accès aux facteurs de croissance et à l’approvisionnement en oxygène.

10- Mutation et instabilité des gènes : Les cellules cancéreuses ont supprimé les fonctions de réparation de leur ADN. Les cellules mutées se reproduisent sans correction et indéfiniment.

Forte de la découverte du génome, la médecine occidentale s’est engouffrée dans cette voie sur le constat que le cancer provient de mutations génétiques et que découvrir les mécanismes qui y conduisent permet de trouver des produits qui vont les réparer (les balles magiques).

Puis, devant l’insuccès de cette recherche et le manque de résultats, grâce à l’améliorations des techniques, la recherche s’est lancée dans une nouvelle voie : l’immunothérapie. L’objectif est de trouver pour chaque cellule cancéreuse les agents qui empêchent les cellules tueuses de faire leur travail afin de réactiver l’immunité. Cela implique tout d’abord d’identifier le ou les fauteurs de troubles puis dans un deuxième temps de trouver une molécule qui va cibler ceux-ci. Quand on sait qu’il en existe des milliers et que des mutations sont fréquentes lors de la division cellulaire c’est un vrai défi scientifique. Et les résultats… pas tout à fait à la hauteur des espérances malgré la sortie de dizaines de produits plus ou moins efficaces.

Ce qui fait qu’on utilise toujours cette bonne vielle chimio qu’on a appris à mieux maitriser, on appelle ça maintenant : Thérapie Ciblée ! On utilise aussi toujours la radiothérapie pour brûler, qui, même si on a amélioré les outils, brûle ce qu’il y a autour. Enfin, la chirurgie reste un moyen efficace d’enlever des tumeurs et même les organes touchés avec. Pour certains cancer l’espérance de survie a augmenté mais pour d’autres pas du tout. La raison en est la survie des cellules souches cancéreuses quelle que soit la méthode employée.

L’approche métabolique est de prévenir les défections de régulation des cellules en premier. Et si un défaut apparait d’essayer de le faire disparaitre en en supprimant la cause à l’aide du métabolisme du corps. Ce qui peut être réalisé par la nutrition et par des apports d’agents actifs au niveau des cellules cancéreuses et ce pour pratiquement tous les cancers. Affamer les cellules pour les affaiblir, renforcer l’immunité et enfin les tuer sans toucher aux cellules saines. Cette approche permet d’éliminer aussi les cellules souches.

Et pourquoi la recherche ne se dirige-t-elle pas dans cette voie? Comme dans toute discipline il y a des courants, des écoles, et il est impossible d’être en dehors. De plus toute la recherche se trouve dans les mains de laboratoires pharmaceutiques, y compris les instances qui délivrent les autorisations. Mais, comme le mur de Berlin, un jour tout cela tombera grâce à la force des malades qui demanderons des comptes à leurs dirigeants. J’espère le voir un jour…

Patrick Vilars