Mais où en est la "guerre" contre le cancer?

A l’heure où notre Gouvernement a déclaré la « guerre » contre le Coronavirus avec toutes les implications que l’on connait et à venir, et qui vont se chiffrer en centaines de milliards d’Euros, sommes-nous sur la même longueur d’onde pour le cancer ?

382.000 nouveaux cas par an, soit environ 1.000 cas par jour

157.400 décès par an, soit environ 437 décès par jour

Voici les chiffres officiels tels que publiés:

L’Institut National du Cancer publie l’essentiel des faits et chiffres des cancers en France (édition 2021)

février 2021

https://www.e-cancer.fr/Comprendre-prevenir-depister/Qu-est-ce-qu-un-cancer/Chiffres-cles

Les chiffres clés des cancers et de la cancérologie en France

En 2018, en France métropolitaine, on estime à 382 000 le nombre de nouveaux cas de cancers. Entre 2010 et 2018, le taux d’incidence du cancer tend à se stabiliser chez les femmes ; il est en baisse chez les hommes. (taux d’incidence = nombre de nouveaux cas / 100.000 habitants)

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Nota : ralentissement de la progression du taux d’incidence ne signifie pas que le nombre de nouveaux cas diminue, il signifie que la progression ralenti. Cependant en chiffres bruts toutes populations confondues (voir statistiques annuelles précédentes) : 2015 : 385.000 nouveaux cas, 2016 : 400.000 nouveaux cas, 2018 : 382.000 nouveaux cas. (ndlr)

En 2018, en France métropolitaine, on estime à 157.400 le nombre de décès par cancer (67 800 décès par cancer chez les femmes et 89 600 décès par cancer chez les hommes). Toutefois, la baisse du taux de mortalité amorcée depuis 1980 se poursuit quel que soit le sexe. (taux de mortalité = nombre de morts / par 100.000 habitants)

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Nota : Il est toujours facile d’orienter les statistiques pour leur faire dire ce qu’on veut faire passer comme message. En données brutes toutes populations confondues : 2015 : 149.500 décès, 2017 : 150.000 décès, 2018 : 157.400 décès. On ne peut pas parler réellement de diminution, il en est ainsi depuis plus de 10 ans. (ndlr)

Pour la lutte : le dépistage organisé pour les cancers du sein, colorectal et du col de l’utérus

  • Cancers du sein : une participation au dépistage organisé en légère baisse ;

  • Cancers colorectaux : une participation très insuffisante ;

  • Cancers du col de l’utérus : un dépistage qui vient d’être généralisé.

Par contre il y a des séquelles : Un impact fort de la maladie sur la situation personnelle 5 ans après le diagnostique : 63,5% des personnes souffrent de séquelles dues au cancer ou à ses traitements.

Un soutien continu porté sur la recherche

Sur les 180 millions d’euros alloués à la recherche en 2017, plus de 115 millions proviennent de différentes institutions (dont l’Institut National du Cancer).

Les dépenses (2017) : presque 10 milliards d’€

6 milliards d’€ de dépense hospitalière (secteur public)

2 milliards d’€ de produits anti-cancéreux en milieu hospitalier (secteur public)

1,86 milliards d’€ remboursés pour les médicaments anti-cancéreux

Focus : peu de progrès pour certains cancers de mauvais pronostic

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La survie d’une majorité de cancers (sein, prostate, côlon, rectum, mélanome cutané…) s’est améliorée. En 2017, 3,8 millions de personnes ayant eu un diagnostic de cancer au cours de leur vie sont toujours vivantes.
Des taux de mortalité constants ou faiblement ralentis pour les cancers de mauvais pronostic

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  • Pour les cancers du poumon, la survie nette à 5 ans standardisée s’est légèrement améliorée chez l’homme et est restée stable chez la femme. La survie à 10 ans reste à un niveau très bas, notamment chez l’homme pour qui elle ne dépasse pas 10 %.

    Nota : 2018 : Femmes :15.132 nouveaux cas, 10 356 décès. Hommes, 31.231 nouveaux cas, 22.761 décès. (ndlr)

  • Pour les cancers des lèvres, de la bouche et du pharynx, la survie nette à 5 ans des personnes atteintes de cancer de la lèvre reste élevée (88 %). Nota : 2018 : 13692 nouveaux cas, 3822 décès. (ndlr)

  • celle des cancers de la tête et du cou s’est améliorée, mais ne dépasse pas 40 % pour les cas diagnostiqués en 2005-2010.

  • Pour les cancers du pancréas, l’incidence est en augmentation, sans que l’on en connaisse précisément les raisons. Nota : 2018 : 14.184 nouveaux cas, 11.456 décès. (ndlr)

  • Pour les cancers de l’ovaire, le pronostic pourrait être meilleur avec une amélioration des traitements et du parcours de soins. La survie nette standardisée à 5 ans reste inférieure à 50 %.

    Nota : 2018 : 5193 nouveaux cas, 3479 décès. (ndlr)

  • Pour les cancers du système nerveux central (SNC), la survie nette à 5 ans ne s’est pas améliorée depuis la fin des années 1980 : proche de 22 % à 5 ans et à peine 16 % à 10 ans. Chez l’enfant, la survie à 5 ans est nettement plus élevée que chez l’adulte (à près de 72-73 %).

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Nota : remarquez que le tableau ci-dessus compare les années 1989-1993 et 2005-2010, pourquoi n’avons nous pas les chiffres de 2011-2014 (survie à 5 ans) ! Que faut-il en penser ? (ndlr)

Focus : 41% des cancers peuvent être prévenus en changeant son mode de vie

Depuis 30 ans, le nombre de nouveaux cas de cancers a doublé, malgré les progrès de la détection précoce et des traitements. Les cancers demeurent les principales causes de mortalité en France.

Selon les résultats de cette étude, en 2015, en France, 142 000 nouveaux cas de cancers seraient attribuables à des facteurs de risque modifiables. Soit 41% de tous les nouveaux cas de cancers.

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Le tabac, premier facteur de risque modifiable

Le tabac arrive en tête des facteurs de risque avec 68 000 nouveaux cas (soit 19,8%). Il est suivi par l’alcool, l’alimentation, le surpoids.

Une inégalité entre les sexes pour les cancers attribuables aux facteurs de risque modifiables

On observe un différentiel entre les hommes et les femmes dans le nombre de cancers attribuables à des facteurs de risque modifiables. Chez les hommes, on les estime à 84 000 nouveaux cas de cancers, contre près de 58 000 chez les femmes.

Chez les hommes, le tabac (29%), l’alcool (8,5%), l’alimentation et les expositions professionnelles apparaissent comme les causes majeures. En revanche, chez les femmes, après le tabac (9,3%) et l’alcool (7,5%), c’est le surpoids/obésité qui arrive en 3e position des principaux responsables.

Les cancers du col de l’utérus et le sarcome de Kaposi, 100% attribuables aux facteurs de risque modifiables

Les cancers du col de l’utérus sont tous provoqués par une exposition au papillomavirus humain tandis que le sarcome de Kaposi est obligatoirement lié à l’herpès virus.

Croyance : plus de cancers attribués à la pollution qu’à l’alcool

En 2015, plus des deux tiers des Français pensaient que « la pollution provoque plus de cancers que l’alcool », alors que l’alcool est la seconde cause de cancer. La pollution de l’air extérieur est responsable de moins de 1% des nouveaux cas de cancers dus à des facteurs de risque modifiables.

Un Français sur trois pense qu’on ne peut rien faire pour éviter les cancers !

La prévention, un enjeu majeur dans la lutte contre les cancers

Ne pas fumer ou arrêter de fumer constituent la meilleure stratégie pour réduire son risque de cancer. On estime que la lutte antitabac, marquée par une intensification des mesures réglementaires et de prévention, a contribué à faire baisser le nombre de fumeurs quotidiens de près d’un million entre 2016 et 2017. Les efforts engagés doivent donc se poursuivre, en particulier auprès des populations les plus défavorisées.

La France, 3e plus gros consommateur d’alcool parmi les pays de l’OCDE

Pour la consommation d’alcool chez les plus de 15 ans, la France se situe juste derrière la Lituanie et la République Tchèque.

Un adulte sur deux en surpoids en France

Le surpoids et l’obésité constitue un troisième axe d’action essentiel. Un Français adulte sur deux est en surpoids (dont 17 % en situation d’obésité). Il s’agit pour la plupart des personnes les plus défavorisées. Dans les familles où les parents (ou tuteurs) sont les moins diplômés, un enfant sur quatre est en surcharge
pondérale. Comparativement, un enfant sur dix est dans ce cas dans les ménages les plus diplômés.

Pour avoir plus de détails n’hésitez pas à vous rendre sur le site de l’Institut National du Cancer où vous trouverez des tableaux et des explications détaillées sur chaque chapitre de cet article. Vous pouvez télécharger l’ensemble de ces données par type de cancer. Mais méfiez-vous des conclusions basées sur des résultats statistiques incomplets ou tournées pour justifier un objectif.

https://www.e-cancer.fr/Comprendre-prevenir-depister/Qu-est-ce-qu-un-cancer/Chiffres-cles

Nota : Les chiffres sont sans appel : il y a toujours plus de nouveaux cas et le nombre de morts est en légère augmentation. Mais quel est le progrès réel induit par les thérapies nouvelles? Combien de vies sauvées en plus pour un coût très élevé ? Et tragiquement beaucoup de décès car les recherches n’incluent pas les possibilités ouvertes par les études sur les traitements par voie métabolique pour l’élimination des cellules souches cancéreuses.

Les derniers paragraphes nous parlent de progrès à réaliser en modifiant nos habitudes de vie. Mais que fait-on concrètement, à part mettre des têtes de mort sur les paquets de cigarette, pour faire baisser de manière drastique le nombre de nouveaux cas.

Continuons notre lobbying et notre travail pour prouver que les voies métaboliques peuvent apporter des solutions complémentaires pour guérir du cancer. Sur le long terme nous réussirons à modifier les mentalités.

Patrick Vilars